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Source : Patricia Lemaire  « Bastogne à l’écoute de son passé ».

J’ai reçu ce récit de Pascal Archambeau, petit-fils de mon grand-oncle Paul ANDRÉ.

« Paul ANDRÉ, l’instituteur résistant ».

Né en 1902, Paul ANDRÉ  était marié à Julia LEMAIRE de Rachamps. Deux filles sont nées de cette union: Marie-Thérèse née en 1927 et Marie-Louise née en 1928.

Il était originaire de Salmchâteau où sa maman tenait une petite ferme et son papa était cariste. Il avait une soeur prénommée Anna et deux frères : Joseph et Aloys.

Il exerce son métier d’instituteur à Morhet où il vit avec sa petite famille.

Son frère Joseph, également instituteur, mais à Brisy (nous reparlerons de lui dans une autre parution) était officier de réserve. C’est ainsi qu’il a vu arriver les Allemands le 10 mai 40, depuis les hauteurs de Rencheux où il se trouvait avec son unité.

Paul et Joseph, l’un comme l’autre, ne tardèrent pas à être en relation avec la résistance comme tous les membres de leur famille. 

Tout au long de la guerre, la famille distribua plus de 1.500 cartes d’identité, plus de 500 cartes de travail. Elle expédia plus de 350 colis de matières grasses à des prisonniers de guerre. Elle mit sur pied un réseau de renseignements et transmit des renseignements vers le réseau CLARENCE. Elle plaça des réfractaires dans des fermes et fit passer 29 prisonniers français. 

Entrer dans la résistance, c’était prendre des risques, autant pour soi que pour la famille. 

Rejoignant, avec son frère Joseph et sa fille Marie-Thérèse le maquis en décembre 1943, Paul fut, suite à une dénonciation, arrêté à Arlon le 24/05/1944.

Pendant ce temps, son épouse Julia, ainsi que sa deuxième fille Marie-Louise, continuèrent le délicat  suivi de la transmission des messages destinés au réseau Clarence et à l’Armée Secrète. 

Les Allemands condamnèrent Paul ANDRÉ à mort et il passa deux mois à la prison de Louvain. 

La veille du 20 juillet 1944, jour de l’exécution, ses filles ont réussi à lui dire adieu et à récupérer montre et objets divers. 

Le 20 juillet vers 5 heures du matin, les Allemands demandèrent à Paul d’aller verser son seau hygiénique. 

Il profita d’une alerte aérienne pour escalader un énorme monticule de «crasse», passa au-dessus du mur de la prison et traversa la Dyle à la nage. 

A Louvain, il connaissait le professeur Antoine de Rachamps qui enseignait à l’université. 

Une dame, le voyant courir dans son habit de prisonnier, l’invita à se cacher chez elle. 

Habillé d’un costume qui appartenait au mari décédé de cette dame, Paul arriva chez le Professeur Antoine. 

C’est dans une ambulance, ayant subi une fausse opération de l’appendicite, que Paul arriva chez sa sœur Anna au Chalet de Sainte-Marie à Salmchateau-Provedroux. 

Une chambre lui était attribuée dans le plus grand secret, même auprès de la famille, ce qui ne fut pas toujours facile à gérer. 

Pendant ce temps, son épouse Julia fut arrêtée, le 4 juillet 1944 et emprisonnée à Arlon où les Allemands essayèrent par tous les moyens de savoir où était son mari. 

Elle fut par miracle libérée le 23/08/1944. 

Le premier septembre 1944, Paul, Joseph et Marie-Thérèse rejoignaient le maquis de Rogery. 

Marie-Louise continua le transport de documents, même un jour en pleine bataille du côté de Cierreux. 

Le 13 septembre 1946, Julia Lemaire décéda, suite à son pénible passage à la prison d’Arlon. 

Après la guerre, Paul et Joseph sont retournés dans leur école de Morhet et de Brisy.

Joseph, plusieurs fois décoré, fut pendant plusieurs années Président National de la Fraternelle des Chasseurs Ardennais. Il mourut en 1998.

Paul ANDRÉ, Instituteur à Morhet jusqu’en 1965, Capitaine-Commandant de Réserve, mourut en 1980. 

Marie-Louise, sa fille est décédée en 2012. 

A ce jour, son autre fille, Marie-Thérèse, est toujours en vie. 

Merci à  mon grand-père PAUL et à  ma mère MARIE-LOUISE, ainsi qu’aux autres membres de la famille qui  m’ont permis de rédiger ce petit récit.

Pascal Archambeau

Patricia Lemaire