Le 7 mars 1919, à Sanford dans le Maine, un petit garçon du nom de Leo Leblanc vit le jour. A ce moment, notre brave Leo est encore loin d’imaginer que plusieurs années plus tard, il ferait partie intégrante de l’histoire de Bastogne.
Son parcours ardennais commence en 1940 lorsqu’il décide de s’engager à 21 ans dans l’Armée américaine. Quatre ans plus tard, Leo est envoyé en Europe pour défendre notre liberté et lutter contre les dérives nazies.
Il arrive à Bastogne le 18 décembre 1944 en soirée. En tant qu’artificier du 326ième Bataillon du Génie aéroporté de la 101ème Airborne Division, il participe à de nombreuses opérations armées dans notre région, dont celle du minage du pont de chemin de fer à Neffe le 19 décembre 1944. Il traversera des épreuves difficiles et moralement cruelles puisqu’il perdra plusieurs amis dans les combats. Caché dans l’étable d’une ferme de Marvie, il passera seul le réveillon de Noël cette année-là pour échapper à la hargne de l’ennemi.
A partir de Janvier 1945, sa division quitte Bastogne et poursuit sa tâche à travers l’Europe jusqu’à la chute d’Hitler. Il rentrera à Boston le 15 septembre 1945 où il sera démobilisé.
Il consacre alors sa formation au dessin et développe sa carrière de dessinateur industriel, notamment dans une grande entreprise californienne de construction d’avions et de machines-outils. Début des années 1990, il rentre à Sanford pour jouir d’une retraite bien méritée. Il s’installe dans un appartement où son occupation principale consiste à peindre des portraits.
L’année 1994 changera l’itinéraire de sa vie. La chance lui sourit et il remporte le premier prix au Bingo. Sans hésiter, Leo met tout en œuvre pour réaliser son rêve le plus cher : retourner en Europe sur les sentiers de la guerre…
Arrivé à Bastogne, il fait très rapidement la connaissance de quelques passionnés prêts à l’aider à retrouver le champ de bataille où il était passé 50 ans plus tôt. Il se fait rapidement quelques amis très attachés à la Bataille des Ardennes et avec lesquels il entretiendra vraiment une belle amitié.
De retour aux Etats-Unis, très vite la nostalgie de Bastogne l’envahit. Jamais au cours de sa vie, il n’avait connu un accueil aussi chaleureux que celui réservé par les habitants de la région, au moment des commémorations du 50ème Anniversaire. L’émotion était à ce point intense que Leo n’avait plus qu’un seul souhait : venir vivre définitivement à Bastogne où il était accueilli en héros !
Paul Van Daele, aidé par des amis, entreprit alors les démarches nécessaires auprès de l’Ambassade des Etats-Unis et des autorités belges, afin de concrétiser le projet de ce vétéran américain devenu cher à la « Nuts City ».
Le 15 octobre 1997, Leo s’installe au Home « Sans Souci » de Bastogne, ville où il s’est toujours senti chez lui. Conscient de l’amour et de la reconnaissance que lui portent la plupart des habitants de la région, il gardera gravé dans son cœur les moments sincères et riches en émotion qu’il a connus depuis son établissement dans notre pays.
Leo a été confronté à quelques problèmes de santé et est décédé le 16 mai 2004. Nous avons accompli son vœu le plus cher :la dispersion de ses cendres sur le Bois de la Paix à l’endroit de son arbre.