Le fait que la Bataille des Ardennes a vu une recrudescence du nombre de V1 et V2 tombés sur la Belgique et tout particulièrement sur Anvers et Liège – il nous a semblé utile de vous faire part de la visite faite par François Sass, notre webmaster et son épouse à Peenemünde, l’endroit où ces armes de représailles étaient fabriquées et lancées.
Centre d’Informations Historiques et Techniques de Peenemünde (Historisch-Technisches Informationszentrum Peenemünde)
En ce mois d’Août 2020, mon épouse et moi , avons programmé et effectué un beau voyage en mobil home vers la Mer baltique allemande, appelée aussi Ostsee par les Allemands. Un de nos amis, fin connaisseur de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, a attiré notre attention sur les villes de Lübeck et Peenemünde. Ces deux villes font manifestement partie des villes à visiter non seulement pour leur intérêt touristique, mais aussi pour leur rôle dans le contexte historique de la Seconde Guerre mondiale. Si Lübeck ne se trouvait pas sur notre trajet, nous avons décidé de nous rendre à Peenemünde, car j’avais déjà vaguement entendu parler de cette ville en lien avec les armes de représailles élaborées par les nazis à la fin de guerre, les V1 et V2. Ce que notre ami nous a confirmé. Je ne suis ni historien, ni guide touristique, mais si vos pas vous mènent un jour vers la Mer baltique, je vous recommande de prendre le temps d’une visite de la ville de Peenemünde, au moins au musée technique et historique de la ville.
Tout d’abord, la Mer baltique elle-même vaut le détour, par ses nombreuses villes hanséatiques et ses belles côtes sauvages et protégées, mais ce n’est pas l’objet de cet article.
Peenemünde
Peenemünde est la commune la plus septentrionale de l’île d’Usedom. Elle est située au nord-ouest de la station balnéaire de Karlshagen où nous avons garé notre mobil home dans un beau camping disposant d’un accès à un kilomètre de la plage. Nous étions à 8 kms de Peenemünde accessible via une piste cyclable.
Cette piste cyclable traverse la forêt et très rapidement nous rencontrons les vestiges des installations tout le long du trajet, bien avant d’arriver à Peenemünde. Cela nous laisse déjà entrevoir l’étendue des infrastructures. Nous croisons des quais, des voies de chemins de fer, des bunkers, mais surtout de nombreux panneaux nous avertissant que nous sommes au milieu d’une région qui a été bombardée et manifestement non complètement déminée : interdiction de quitter la piste cyclable, risque d’explosion.
Munitiongebiet, LEBENSGEFAHR (Munitions, danger de mort)
Julliett U-461
Arrivés à Peenemünde, nous suivons les indications et arrivons au port de la ville et à notre grande surprise, nous rencontrons d’abord un sous-marin lance-missile russe, le JULIETT U-461, devenu un musée et qui nous rappelle que nous sommes dans l’ancienne DDR. Après une visite acrobatique et fort impressionnante du sous-marin, nous nous rendons au musée historique et technique de Peenemünde qui se situe non loin du sous-marin russe.
Visite acrobatique dans les entrailles du sous-marin
Le musée
Le musée historique et technique de Peenemünde a été créé en 1991 sur le site de l’ancien centre de recherche allemand où furent conçus les fusées et les missiles V1 et V2 (1936-1945). Ce musée reconstitue l’histoire de la création et de l’utilisation de ces armes. Diverses expositions présentent les personnes ayant travaillé à Peenemünde, leur quotidien dans le centre et les raisons derrière la conception de ces armes.
Depuis janvier 2007, le centre d’information est devenu un lieu sur la Route Européenne du Patrimoine Industriel (ERIH), un réseau européen de monuments industriels. En 2013, le musée a reçu le prix de l’Union Européenne pour l’héritage culturel.
La centrale électrique à charbon
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Vue d’ensemble, avec le V2, le RER |
Le V2 avec la reproduction du dessin original |
Le V1 et sa rampe de lancement |
Tableau de commandes de la cetrale |
Détails du tableau de commande |
Les murs en béton recouverts de briques |
La guerre des étoiles, un jeu d’échecs
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Chaque visiteur a certainement un ressenti personnel devant ce lieu chargé d’histoire, et je ne peux que faire part de nos impressions avec toute leur subjectivité :
- Le seul bâtiment ayant résisté aux bombardements alliés est la centrale électrique (Kraftwerk) alimentée en charbon. Il donne une idée de l’avancée technique atteinte par l’Allemagne en ces
années de guerre et de l’investissement financier important que sa construction, son fonctionnement et son entretien ont nécessité. Son architecture est typique de l’architecture nazie. Le Kraftwerk est resté en service jusqu’au 31 mars 1990. C’est dans ce bâtiment que se trouvent toutes les salles du musée dédié essentiellement à l’histoire de la conquête spatiale. - Le V1 et le V2 impressionnent, surtout le V2 par sa taille et il rappelle un peu la fusée dessinée par Hergé dans Tintin sur la lune. Une partie du musée resitue le développement de ces fusées,
devenues armes, dans le contexte d’une course à la conquête spatiale qui commença bien avant l’arrivée de nazis au pouvoir, qui transformèrent ces fusées en armes de dissuasion et de terreur. - La présence d’une rame d’un train, ancêtre du RER, rappelle le développement des voies de communications.
- En parcourant les différentes salles, nous avons découvert, entre-autres, que l’engouement pour les fusées remonte aux années 1920, que la construction du site a couté la vie à de nombreux
prisonniers de guerre, que les ingénieurs et le personnel nazis menaient une vie plus que confortable pendant que les prisonniers étaient scandaleusement exploités, que Werner Von Braun, même s’il a adhéré au parti nazi, a été rapidement dénazifié par les Américains et engagé pour mener à bien la conquête spatiale après-guerre, que les Russes ont manqué de peu Werner von Braun, que le V2 a tué plus de monde (les prisonniers de guerre sacrifiés) durant sa construction qu’en tant qu’arme de représailles … - L’histoire de la conquête spatiale qui a suivi la seconde guerre nous était plus connue, mais la visite du musée a rafraichi notre mémoire des nombreux événements depuis le spoutnik, les premiers pas sur la lune, en passant par Laïka, Gagarine, les rivalités entre pays. Sans oublier le contexte de la guerre froide et de la course à la guerre des étoiles.
En résumé, une visite à ne pas manquer si vous voyagez le long de la Mer Baltique.
François Sass
Pour en savoir plus
JULIETT U-461
http://www.u-461.de/www.u-461.de/Start.html
Peenemünde
https://www.jean-maridor.org/francais/peenemun.htm
https://europeremembers.com/fr/destination/musee-historique-et-technique-de-peenemunde/